La syllogomanie, un nom qui ne vous est peut-être pas familier, mais une maladie que vous connaissez très bien : l’accumulation compulsive. Le nombre de personnes touchées par ce trouble psychique reste aujourd’hui difficilement chiffrable avec précision, car nombreux sont ceux qui ignorent qu’ils sont atteints de cette maladie. Si une syllogomanie légère ne cause que quelques inconvénients, c’est une autre histoire lorsque le trouble est très prononcé. Est-elle une maladie sérieuse pour autant ? Pour trouver une réponse à cette question, essayons d’en savoir plus sur cette maladie : sa définition, ses causes, son diagnostic, ses symptômes et son traitement seront passés en revue.
Qu’est-ce que la syllogomanie ?
Dans des termes très simples, la syllogomanie est l’accumulation excessive d’objets, bien souvent sans valeur et souvent inutilisés. Le besoin d’accumuler est couplé à une souffrance psychique lorsque le malade se voit forcé de se séparer de certaines de ses propriétés.
Assez ironiquement, les études publiées The American Medical Association il y a quelques années avancent que la maladie est liée au perfectionnisme. Que cette obsession de tout garder relève tout simplement du fait d’avoir peur de prendre une mauvaise décision. Cette décision étant de choisir si oui ou non il faut se débarrasser de tel ou tel objet.

Certains empilent des objets insignifiants de manière désordonnée, sans vraiment y réfléchir, d’autres accumulent de manière plus méthodique. Ainsi, ils classent et trient de façon obsessionnelle les objets.
On compte aujourd’hui entre 2 et 6% de la population adulte mondiale atteinte par ce mal qui survient vers la préadolescence et a tendance à s’aggraver au fil des années. On constate également que certains pics peuvent survenir suite à un choc émotionnel important, et que les hommes sont plus nombreux à être touchés que les femmes.
Dans la majorité des cas, les personnes touchées par ce trouble ont souvent tendance à empiler des magazines, des journaux et des papiers.
Les causes possibles de la maladie
Des années durant, ce trouble a été considéré comme étant un trouble obsessionnel compulsif, mais les études menées infirment cette théorie. Cela s’explique notamment par le fait qu’un certain nombre de patients vivant cette maladie ne souffraient d’aucun TOC. Aujourd’hui, les causes avancées sont donc limitées à celles qui suivent :
- Un syndrome cérébral organique
- L’hyperactivité couplée avec un déficit d’attention
- La schizophrénie
- Le syndrome de stress post-traumatique (PTSD)
- Le syndrome de Noé (une tendance à accumuler plusieurs animaux)
- Le syndrome de Diogène. La syllogomanie est une des caractéristiques de ce syndrome. Mais dans ce cas, elle prend une forme extrême au point de conduire à des conditions de vie vraiment précaires, voire insalubres. L’accumulation d’excréments et/ou de déchets, ou une hygiène douteuse (voire défaillante) sont les caractéristiques de ce syndrome.
Le diagnostic du trouble
Si les chiffres concernant les personnes atteintes de la maladie sont encore imprécis, c’est notamment parce que le diagnostic est difficile à établir. « La syllogomanie doit en effet être distinguée d’une tendance à emmagasiner les objets, mais qui n’est pas pathologique. On doit aussi la différencier d’une simple collection d’objets » nous inique https://syllogomanie.fr/. Si le collectionneur étale avec beaucoup de fierté les objets de sa collection, le syllogomane fera de son mieux pour les cacher.
Au début de la maladie, les symptômes sont légers, néanmoins il reste possible de les identifier si on sait où chercher. Pour faire un diagnostic complet et fiable, il est nécessaire de se baser sur plusieurs caractéristiques que voici :
- L’amoncellement excessif d’objets sans valeur réelle
- Une grande difficulté (voire impossibilité) à se débarrasser d’un objet quelconque, qu’il soit dangereux, inutile ou insalubre
- Un encombrement des espaces de vie constaté
- Des difficultés pour le malade de circuler au milieu des objets accumulés
- Une vie sociale de moins en moins remplie, due à un isolement grandissant
- Un syndrome dépressif
La famille et les proches auront un rôle important à jouer pour diagnostiquer rapidement cette maladie. Elle n’apparaît effectivement pas du jour au lendemain puisque les premiers symptômes peuvent se remarquer au bout de quelques mois ou de quelques années. Le patient n’étant pas conscient du changement qu’il opère, les proches seront donc les plus aptes à fournir les informations nécessaires sur le sujet. Ce sera aussi à eux de faire les démarches nécessaires pour une prise en charge rapide du malade.
Lorsqu’une accumulation anormale d’objets apparait, il sera donc temps pour l’entourage de prêter une attention particulière aux signes cités ci-dessus.
La maladie est-elle sérieuse ?
Les caractéristiques qui se manifestent en début de syllogomanie pourraient être assimilés comme des faits anodins. Jusqu’à une certaine mesure, ce trouble peut passer pour une mauvaise habitude passagère. Or, en l’absence d’un traitement efficace, et comme indiqué plus tôt, elle a tendance à s’aggraver.
En effet, dans les stades les plus avancées de la syllogomanie, la maladie peut mettre en danger la sécurité et la santé (mentale et physique) du malade et même de son entourage direct. Ce trouble se manifeste en effet par une vie sociale de plus en plus réduite. La honte étant fréquente chez les personnes atteintes, elles vont essayer de s’enfermer dans leur monde de peur de subir les jugements de leur entourage. Certaines décideront de couper les ponts avec des proches, d’autres interdiront à certaines personnes l’accès à leur domicile ou les deux. A terme, la dépression pourrait s’installer chez certains malades.
Mais empiler excessivement les objets peut aussi provoquer l’insalubrité d’un espace de vie. Les cas les plus avancées de syllogomanie poussant effectivement des malades à ne plus ranger et faire le ménage correctement. De là peut survenir l’apparition de nuisibles différents (des rongeurs aux insectes). Cela sans compter sur la poussière, les champignons et les éventuelles moisissures qui vont apparaitre doucement. Dans le pire des scénarios, un manque d’entretien peut même provoquer des incendies
Alors, la syllogomanie est-elle sérieuse ? Absolument ! Mais c’est un trouble qu’il est tout à fait possible de guérir. Dans le pire des cas, les professionnels de la santé pourront aider le malade à gérer le trouble pour ne pas qu’elle ait un impact négatif sur le quotidien.
Le traitement de la maladie
Maintenant qu’on sait que la maladie peut être sérieuse, reste à savoir comment la traiter. Inconscient de ce que la maladie provoque en lui, un malade ne se sort de sa situation sans aide que dans de très rares cas. Le plus souvent, une aide externe sera nécessaire. D’abord, celle de ses proches, puis celle des professionnels de la santé.
En général, lorsque la maladie est vraiment avancée, une hospitalisation est nécessaire. Elle se passera dans un hôpital spécialisé ou une unité de gériatrie. Elle est souvent requise, au moins pour donner du temps aux proches (ou à des professionnels) de réaménager convenablement et désencombrer le logement du malade.
Le traitement en lui-même inclura des techniques cognitives et comportementales. Il sera long et parfois fastidieux, mais absolument nécessaire et nécessitera l’appui des personnes proches du malade. Quel que soit l’avancement de la maladie, un dialogue avec un psychothérapeute est toujours recommandé pour l’aider à prendre conscience du mal qui le consume.
Un trouble dépressif étant identifié chez les ¾ des malades, un traitement médicamenteux s’avèrera aussi nécessaire pour beaucoup.